Un engin explosif a détoné au passage d’un autocar de tourisme transportant notamment des ressortissants sud-africains (trois, selon Pretoria), près du nouveau musée national égyptien en construction, au pied des célèbrissimes pyramides. Les vitres du bus ont volé en éclats et plusieurs passagers ont été blessés. Un véhicule qui passait a proximité a également été touché. L’attentat n’a pour l’heure pas été revendiqué.Quelles pistes?Quelques heures après l’attentat, les autorités ont annoncé que 12 jihadistes présumés du groupe Hasm avaient été tués dans des opérations de police. Ces mêmes autorités présentent Hasm comme une organisation entretenant des liens avec la confrérie islamiste des Frères musulmans, cible d’une répression féroce ces dernières années. Toutefois, contrairement au groupe Etat islamique (EI), le groupe Hasm n’a jusqu’à présent jamais revendiqué d’attentat contre des touristes. Il s’en est pris à des magistrats ou des membres des forces de l’ordre.Selon Mostafa Kamel el-Sayyed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, “le secteur des pyramides est connue pour être un bastion des Frères musulmans et des groupes comme Hasm et Lewaa el Thawra y ont déjà revendiqué des attentats”.Mais pour Hassan Nafaa, également professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, les services de sécurité veulent avant tout, par cette annonce, “prouver qu’ils sont efficaces”. Ils annoncent “avoir tué 12 membres de Hasm, en “donnant l’impression que ce groupe est à l’origine de l’attaque”. Mais il n’est pour autant fait aucune mention d’un lien entre ces opérations et l’attaque.La principale opération antijihadiste des autorités reste celle au long cours dans le Sinaï, où les forces de sécurité combattent depuis fin 2017 une branche locale du groupe EI.Au total, environ 650 jihadistes présumés ont été tués, ainsi que près d’une cinquantaine de militaires, depuis février 2018, selon des chiffres officiels. Aucun bilan de source indépendante n’est disponible.Quels sont les précédents?Le dernier attentat visant des touristes en Egypte remonte à décembre 2018. Trois touristes vietnamiens et leur guide égyptien avaient alors été tués. Une bombe artisanale avait explosé au passage de leur bus, également près du site des pyramides. Cet attentat, qui n’a jamais été revendiqué, était intervenu après une longue accalmie. Le précédent remontait à juillet 2017. Deux femmes avaient été alors tuées à l’arme blanche sur une plage de Hourghada (est).Ces dernières années, le pire attentat contre des touristes remonte à octobre 2015. Le groupe EI avait revendiqué un attentat à la bombe contre un avion transportant des touristes russes, au départ de Charm el-Cheikh, station balnéaire du sud du Sinaï. L’attaque avait coûté la vie aux 224 occupants de l’appareil.Quelles conséquences?L’organisation par l’Egypte de la Coupe d’Afrique des nations (21 juin-19 juillet) doit notamment démontrer que le pays est de nouveau sûr après des années d’instabilité politique et de crise économique. Le tourisme est un secteur crucial en Egypte, représentant environ 20% du PIB, selon la ministre de tutelle, Rania el-Mashat.L’Egypte avait connu un effondrement de ce secteur à la suite de la révolution en 2011. De 14,7 millions en 2010, le nombre de visiteurs était tombé à 5,3 millions en 2016.Mais depuis, le secteur a retrouvé de la vigueur : il a enregistré 8,3 millions de visiteurs en 2017.”Je ne pense pas que cet attentat aura un impact car il s’agit d’un incident mineur“, avance Mostafa Kamel el-Sayyed. Mais pour Hassan Nafaa, c’est bel et bien l’économie et le tourisme qui sont visés au moment où l’on constate “des signes d’une importante reprise“.