Fin novembre, l’Observatoire Régional de Santé d’Ile deFrance publie les chiffres du VIH/Sida. Les tendances mises enlumière dans cette région, qui compte parmi les plustouchées de l’Hexagone, mettent en lumièrel’évolution de l’épidémie, la nécessitéd’un élargissement du dépistage (pris en compte par ledernier plan Sida) mais également la politique paradoxaleà l’encontre des populations les plus précaires, dont onenvisage de restreindre l’accès aux soins.Stabilité des cas, mais changement de profil desséropositifs

Selon l’Observatoire Régional de Santé d’Ile deFrance, près de 3 100 personnes ont découvertleur séropositivité en Ile-de-France en 2008, contre3 085 en 2007. Ces chiffres publiés le mercredi24 novembre marque une rupture avec la baisse constanteobservée depuis 2004 dans la régionIle-de-France.Cette tendance à la stabilité se retrouve dans lesdonnées relatives aux nouveaux cas de sida. Ainsi,548 nouveaux cas de sida ont été signalés enIle-de-France en 2008, contre 528 en 2007et 718 en 2006. “Ces données suggèrent lanécessité de renforcer la vigilance face àl’épidémie“, indiquent les principaux auteurs dubulletin.Les chiffres rapportent néanmoins des changements dans lescaractéristiques des personnes touchées par le virus. Lapart de personnes contaminées par voie homosexuelle progresseen Ile-de-France (22 % en 2003 contre 33 % en 2009).A l’inverse, la proportion des personnes contaminées par voiehétérosexuelle a diminué, de 75 % à65 % (en particulier parmi les populationsétrangères). Enfin, la découverte de laséropositivité intervient à un stade plusprécoce de l’infection qu’en 2003 (23 % au stade sida en2003 et 15 % en 2009), mais cette tendance est surtout vraiepour les hommes contaminés par voie homosexuelle.Lutter contre la précarité pour améliorerl’accès au dépistageAutre enseignement de cette enquête, l’Ile-de-France estune des régions les plus touchées parl’épidémie. Ainsi, l’incidence des découvertes deséropositivité était quatre fois supérieureà celle observée dans le reste du territoirefrançais en 2008 (26,5 pour100 000 habitants, contre 6,5).Concernant le dépistage, l’Ile-de-France fait figure de bonélève par rapport aux différentes régions del’Hexagone. Ainsi, l’Ile-de-France comptait 105 tests pour1 000 habitants en 2008, contre 77 tests en moyenneau niveau national.

VIH, faites-vous dépister
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Inpes. –

Regardez lesdernières vidéos d’actu.Dans le détail, on note cependant en Ile-de-France unebaisse du recours au dépistage chez les hommes,entre 2003 et 2009 ; on note également desdépistage fréquents dans la communauté gay, mais lapersistance de prises de risque chez certains ignorant leur statutsérologique. Il y a par ailleurs un dépistagefréquent et un suivi des mesures de réduction des risqueschez les usagers de drogues intra-veineuses, avec malheureusementune forte proportion de co-infections VIH/VHC (virus del’hépatite C).Par ailleurs, il apparaît que les personnesséropositives originaires d’Afrique subsaharienne ont unrecours important au dépistage. Ce qui va à l’encontre del’hypothèse souvent avancée selon laquelle ellesrecourraient moins souvent au dépistage du VIH que les autres.Le retard au dépistage observé chez elles serait doncplutôt lié à l’ancienneté de l’infection aumoment de l’immigration qu’à un problème de recours audépistage en France. Néanmoins, la précaritéreste un facteur péjoratif de dépistage du VIH enparticulier pour les femmes : celles en situationadministrative précaire (carte de séjour temporaire,autorisation provisoire ou sans titre de séjour) ont uneprobabilité moindre d’avoir effectué un test que cellesayant une situation stable (carte de résident ounationalité française). “Ces populations,fragilisées sur le plan administratif, se trouvent donc plusexposées au risque de découvrir tardivement leurséropositivité“ souligne le rapport.“Le paradoxe sanitaire français“Se félicitant de la prise en compte des recommandations dela Haute Autorisation de santé sur

l’élargissement du dépistage dans lenouveau plan Sida, le rapport regrette néanmoins que “laconvergence des enjeux ne semble pas de mise en ce qui concerne lesmesures récentes réduisant nettement l’accès auxsoins des étrangers vivant en France, notamment ceux ensituation les plus précaires, et les enjeux face au VIH/sida“(notamment

l’introduction d’un droit d’entrée annuelà l’Aide médicale d’Etat et

la restriction au droit de séjour pour raisonmédicale). Un sentiment partagé par de nombreusesassociations, comme Médecins du Monde qui par la voix de sonprésident a publié une tribune “Le paradoxe sanitairefrançais“ dans l’Humanité ou par Aides qui lance unecampagne choc “Lastreatment.com – mourir est moins pénible ausoleil“.

Cette dernière estime qu’avec ces nouvelles mesures “c’estaujourd’hui le droit de séjour des étrangers gravementmalades qui se trouve menacé. Ce sont des milliersd’étrangers séropositifs, jusqu’ici en situationrégulière, qui seront menacés d’expulsion vers despays où il n’existe aucune garantie d’accès aux soins etaux traitements“. Une manifestation inter-associative à 18H30Place de la Bastille reprendra notamment ces revendications autourdu slogan “Tout recule sauf le sida“.En poussant ces personnes à plus de précarité, onaugmente les risques de voir se propager la maladie etd’entraîner paradoxalement un surcoût de la prise encharge. “Il est de la responsabilité des sénateurs derepousser ces mesures afin que puisse exister, en France, unepolitique de prise en charge du VIH
 cohérente, ycompris pour les populations les plus vulnérables“ conclut leDr Olivier Bernard, président de Médecins du monde, et leDr Jean-François Corty, Directeur des missions France deMédecins du monde dans leur tribune. Nous saurons bientôts’ils ont été entendus…David Bême
Sources :
– Bulletin de santé de l’ORS – Ile-de-France – Décembre2010 n°16 – (accessible enligne)
– “Droit à la santé pour tous et partout… y compris enFrance“ – Dossier de presse de l’association Aides – novembre2010
– “Le paradoxe sanitaire français“ Par le Dr Olivier Bernard,président de Médecins du monde, et le DrJean-François Corty, Directeur des missions France deMédecins du monde – tribune dans L’Humanité du 30novembre 2010

(accessible en ligne)
– Dossier de presse du ministère de la Santé -Présentation de la campagne de lutte contre le sida1er décembre.