Pour la première édition du Festival CineComedies de Lille qui se tenait fin septembre, Pierre Richard était l’invité d’honneur et s’est livré avec nous à une interview sur sa riche carrière.
Invité exceptionnel du 1er Festival CineComedie de Lille du 27 au 30 septembre dernier, Pierre Richard s’est confié sur son passé, son présent et son futur dans le monde du cinéma qu’il a marqué de sa voix, de sa silhouette et son humour incomparables.
AlloCiné : En 1974, vous tournez beaucoup de comédies populaires qui sont des succès et vous décidez de faire un film dans un registre très différent qui je crois vous tient particulièrement à coeur c’est Un nuage entre les dents. Pourquoi est-ce qu’il vous tient tant à coeur ?
Pierre Richard : Pour beaucoup de raisons. C’est de Marco Pico, le réalisateur, qui est un ami depuis si longtemps et qui est resté mon ami, mon frère. Mais ce n’est pas une raison suffisante. Après Le Grand blond, Le Distrait, Les Malheurs d’Alfred, les grands yeux bleus, l’air angélique, ça m’amusait de jouer dans un film dans lequel j’étais mal rasé, je picolais et je gueulais. (…) La deuxième raison, c’était pour tourner avec Philippe Noiret, que j’appréciais beaucoup. J’avais d’ailleurs fait mes débuts dans Alexandre le bienheureux avec Philippe Noiret. On s’était perdus de vue car c’était lui la star et je n’étais pas grand-chose à l’époque. La troisième raison c’est que j’adorais la façon de tourner de Marco, il avait probablement dix ans d’avance sur la façon de tourner les films. C’était punchy, caméra à l’épaule et à l’américaine. Claude Piéplu était prodigieux et surtout, Marco donnait plein de rôles à tout le monde, ça n’était pas “il y a les deux stars et voilà”. J’ai donc 1 000 raisons d’aimer ce film.
On sent que vous prenez beaucoup de plaisir à donner la réplique à vos partenaires, que cela soit Jane Birkin ou Victor Lanoux. Est-ce que vous adaptiez votre jeu comique à votre partenaire et comment ?
Probablement. En tout cas c’était différent entre Birkin et Lanoux. Je n’avais pas les yeux ennamourés quand je jouais avec Lanoux, quand même ! (rires) Je pense que je n’y réfléchissais pas en terme de partenaire mais plutôt à partir de mon rôle. Et les directions sont données par le metteur en scène, là je viens de faire Les Vieux fourneaux, un film que j’adore, avec Christophe Duthuron (…) et c’est un très bon directeur d’acteur, mesuré, précis : “si tu le fais comme ça, ce sera plus drôle”. Et j’écoute ça, plutôt que me focaliser sur mes partenaires. Tout part du metteur en scène.
Et l’un des metteurs en scène qui va avoir une grande importance dans votre carrière c’est Francis Veber pour tous les films que l’on connaît (La Chèvre, Les Compères, Le Jouet…), comment s’est passée votre rencontre ?
C’est un extraordinaire constructeur de scénario, il n’y a pas une virgule à enlever. Il doit énormément travailler avant. On lui disait souvent avec Gérard [Depardieu] “tu vois à la page 12, si on faisait ça, ce serait beaucoup plus drôle”, il disait “oui vous avez raison” en ajoutant “mais regarde page 75, si tu joues comme ça page 12, la page 75 s’en ressentira” et il avait raison ! J’ai appris avec lui que tout part d’une exigence dans le scénario qui est importante à appliquer. On ne peut être drôle que s’il y a une vérité. A moins d’être dans le burlesque à l’état pur qui ne cherche pas une vérité sur un personnage façon Y a-t-il un pilote dans l’avion ? ou Mel Brooks.
On sait moins que plusieurs de vos films ont connu un succès international, comme Le Grand blond par exemple, au point -mais vous allez peut-être me contredire- qu’une collaboration avec Jerry Lewis a été envisagée à cette époque-là…
En fait personne n’a envisagé une collaboration, c’était entre lui et moi. Je l’avais rencontré, il avait effectivement vu Le Grand blond. Il passait à l’Olympia, on m’a glissé dans sa loge, j’étais très impressionné. Il a salué tout le monde et à la fin m’a gardé tout seul pour me dire “j’ai envie de faire des films avec vous”. Il voulait qu’on signe trois films, même.
Ah oui, donc il avait un vrai plan…
Oui, sauf qu’on n’en a fait aucun, sinon vous le sauriez ! Mais ça partait de lui, pas d’une production qui cherchait à nous réunir à l’écran. Apparemment il m’adorait, mais vous savez, les Américains… On s’est revus mais on n’a rien fait. Et puis j’ai appris qu’il faisait un film merdique de Philippe Clair et là j’ai pas compris ! (rires)
De toute façon, en voyant ses films de réalisateur, on ne peut pas ne pas penser à vous et à votre façon de bouger.
Tout à fait. Il était plus caricatural dans sa façon de bouger (…). J’ai aussi failli faire des films avec Gene Wilder, on était très copains. Quand il venait à Paris on déjeûnait, on jouait au tennis. A l’époque il n’y avait pas d’iPhone mais j’ai fait un double moi avec Gene contre Mel Brooks et Marty Feldman, faut le faire ! Si quelqu’un avait pris ça en photo…
Il reste les souvenirs.
Dans ma tête…
Vous avez arrêté la réalisation suite à l’insuccès de “Droit dans le mur” (1997). Qu’est-ce qui fait que vous n’êtes jamais repassé à l’acte de mettre en scène. L’ardoise est effacée non ?
Je n’avais plus envie et je n’en voulais qu’à moi. Je ne disais pas “salauds de critiques, ils n’ont rien compris” car j’étais le premier à dire “vous avez raison !” Ce n’était pas la faute du public non plus. Faire un film c’est trois ans : un an et demi d’écriture, six mois -si on y arrive- à le monter, deux mois de tournage et trois de montage bref c’est trois ans de ta vie. Et ensuite en un mercredi matin à 11h, on te dit : “C’est mort”. Et c’est de pire en pire. Dans le temps on avait une chance… Maintenant si ça ne marche pas en première semaine on te retire dix salles donc forcément vous êtes encore moins bien ! Et on vous le reproche ! C’est terrifiant ce mercredi matin, alors j’ai pas eu envie.
Donc rien de prévu ?
Je me suis amusé, mais vraiment pour m’amuser, à écrire quelque chose, et je me demande si je ne vais pas me relaisser tenter. Mais je ne sais pas, car il n’y a aucun métier où on fait autant d’effort pour se faire flinguer en une demi-heure de temps le premier jour ! Le Distrait n’avait pas fait une première semaine éblouissante mais il a suscité l’intérêt. (…) Mais la deuxième était aussi bonne, et la troisième, et il est resté huit semaines. Maintenant si vous ne marchez pas, on vous vire ! Comme pour Un Profil pour deux, qui a eu six jours de queue de bus, quasiment pas de bande-annonce, pas de tournée en province, rien ! (…)
Heureusement vous avez rebondi avec “La Ch’tite famille”, qui a été un gros succès (5,6 millions d’entrées).
Oui mais je n’avais pas non plus le premier rôle, mais j’ai adoré. Et je crois que si Dany en refait un, il va me faire travailler. Et j’ai fait Les Vieux fourneaux.
Vous pensez que le film va avoir une suite ?
Il y en aura une. C’est certain. D’ailleurs j’ai dit à Duthuron le metteur en scène : “tu ferais bien d’accélérer car on n’a pas 40 ans ! Si le prochain est dans quatre ans, ce n’est pas sûr qu’on soit tous les trois !” (rires)
Vous allez la tourner, elle est calée dans votre agenda ?
Ah non, il faut qu’il l’écrive. Mais il a une longueur d’avance car c’est basé sur les [bandes-dessinées] de Wilfrid [Lupano]. Ce n’est pas comme s’ils se demandaient “Et maintenant, qu’est-ce qu’on va faire ?” Il y a déjà du matériel. Mais un scénario ça ne s’écrit pas en six mois.
Pas un bon scénario en tout cas.
Oh oui, il y en a qui écrivent en six mois, Mocky il en écrit un tous les quinze jours !
La bande-annonce du “Distrait” :
Le Distrait Bande-annonce VF
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