En Chine, une révolution culturelle dans les chambres à coucher

Pudibonde, la Chine ? Les centaines de visiteurs jouant des coudes devant le numéro d’une star japonaise du porno lors d’un salon érotique à Canton en font douter. Le pays reste conservateur en matière de sexe, mais dans ce domaine aussi, la révolution est en marche.

Des centaines de visiteurs jouent des coudes devant le numéro de la star japonaise du porno Rei Mizuna lors du Festival national du sexe à Canton. – ©AFP PHOTO / Ed Jones

Tout le monde est tellement à fond, je suis vraiment contente“, déclare à l’AFP la jeune actrice, Rei Mizuna, qui vient de s’enduire d’huile devant une cohorte de fans conquis. “Je ne pensais pas qu’il y aurait autant d’enthousiasme“, ajoute-t-elle, sans prêter attention aux bousculades d’une foule passablement énervée.Le numéro osé de la jeune femme se déroule dans le cadre du Festival national du sexe à Canton (sud), signe de l’évolution des moeurs dans une Chine marquée par des décennies de conservatisme sexuel. Ils sont nombreux à vouloir en profiter, y compris financièrement.La révolution “sextoys“ passe par la ChineLa Chine, usine de la planète, produit environ 80% des accessoires sexuels vendus dans le monde, un secteur qui emploie un million de personnes, selon les estimations. Et une proportion croissante de ces sex-toys sont achetés par les Chinois.Une génération de jeunes Chinois, citadins pour la plupart, repousse en effet les limites et adopte un comportement très éloigné de celui de leurs parents, qui ont grandi lors des années puritaines d’un communisme radical.Les vidéos pornographiques restent interdites mais les films érotiques font florès et l’industrie des accessoires olé-olé explose.Lors du salon du sexe à Canton, début novembre, des centaines de fabricants de poupées gonflables, préservatifs ou vibromasseurs présentaient leurs produits aux centaines de milliers de visiteurs.Dans le hall gigantesque où s’alignent les stands, un transsexuel vante ses articles grâce à une démonstration audacieuse. Et descend régulièrement de l’estrade pour montrer de plus près ses produits à des badauds enthousiastes.Des groupes de jeunes gens examinent avec sérieux des rangées de costumes d’infirmières, de soubrettes ou de policières. Et fouillent, avec tout autant d’application, dans des bacs de sous-vêtements féminins.Plus aventureux dans la chambre à coucherLes inhibitions restent à la porte de cette immense foire annuelle, où les couples sont rares et les visiteurs en majorité masculins.“Nous sommes juste venus jeter un coup d’oeil“, explique un jeune homme en serrant dans ses bras des sacs de vêtements féminins, des pots de crème et une quantité astronomique de préservatifs, distribués gratuitement.Comme lui, des centaines de visiteurs attendaient l’arrivée sur scène de Rei Mizuna. Les stars japonaises du porno, connues en Asie sous le nom de AV Girls (filles des vidéos pour adultes), présentent des numéros de danse et de chants en Chine, pour accroître leur notoriété et la vente de leurs films les plus soft.Certaines sont devenues des célébrités, notamment sur les réseaux de microblogging. Près de 15 millions d’internautes suivent AV Girl Sora Aoi sur son compte Sina Weibo, la version chinoise de Twitter.Depuis que la législation a été assouplie en 1993, quelque 2.000 sex-shops ont ouvert leurs portes à Pékin et Shanghai, et la croissance des ventes de sex-toys atteint 63% par an, selon les médias officiels.“Notre industrie a beaucoup changé“, constate Cheng Zichuan, propriétaire de Hitdoll, un fabricant de poupées gonflables haut de gamme.L’attitude des consommateurs a énormément évolué depuis la création de son entreprise il y a six ans. “Ils trouvaient tous que les produits étaient trop chers, qu’on ne savait pas où les acheter, et qu’ils seraient couverts de honte si leur famille découvrait la poupée“, indique-t-il à l’AFP. “Maintenant ils s’en moquent. Ils achètent les poupées si elles leur plaisent et ils s’amusent avec“, assure-t-il. Il en vend jusqu’à cinq par mois, la plupart à des célibataires riches, réticents à aller voir des prostituées. Et à des veufs, qui achètent des modèles uniques dont les traits rappellent ceux de leur épouse défunte.Non contents de se montrer plus aventureux dans la chambre à coucher, les Chinois sont plus nombreux à avoir des relations sexuelles avant le mariage, ont montré plusieurs études: plus de 70% selon les déclarations recueillies en 2012 dans le cadre d’une étude par un célèbre sexologue chinois. Ils n’étaient que 40% en 1994 et 15% en 1989.Les jeunes Chinois adoptent “une culture plus occidentale“ en matière sexuelle, note Victor Chan, directeur du fabricant de préservatifs Guangzhou Daming United Rubber Products.Mais la législation est bien plus lente à évoluer que les comportements. La publicité pour les préservatifs est très restrictive. Officiellement, la Chine reste un pays “conservateur“, soupire l’industriel.AFP/RelaxnewsClick Here: Cheap FIJI Rugby Jersey

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